jeudi 8 septembre 2011

7. Randonnée au Mont McIntyre.


Claude ne travaillant pas aujourd'hui, il m'a emmené sur le Mont McIntyre -à 1597 mètres d'altitude- qui se situe juste avant le mont de la vallée de Fish Lake où nous avions été dernièrement. Une fois de plus, mes mirettes se sont délectées d'un paysage à faire pâlir les plages de la côte d'azur. La nature s'étend sur des milliers de kilomètres sans jamais atteindre de fin. J'en suis venue à me demander, en haut du sommet du sommet (warning: un sommet peut en cacher un autre), si un jour mes yeux s'habitueront à tant de beauté et d'immensité. Ce qui est certain, c'est qu'ils ne s'en lasseront jamais.
Les couleurs de l'automne s'effacent déjà à petits pas afin de laisser place aux couleurs hivernales. Notre regard s'est même posé sur une chaîne de montagnes enneigées sur le sommet. La saison qu'est l'automne passe vite dans ce coin du monde où l'hiver se trouve être le fier dominant.
Sur le chemin du retour, mon regard fut interpellé par une petite bête filant à toute vitesse de roche en roche, se levant sur ces pattes arrières de temps à autre afin d'observer les alentours. Inculte que je suis de la nature, j'étais incapable d'en donner le nom. Claude m'apprit donc qu'il s'agissait d'une sorte de petite marmotte appelée spermophile (NB: Arctic Ground Squirrels est leur nom anglophone). La faune est définitivement pleine de surprise pour mes petits yeux intrigués.

Cette fois-ci, j'ai eu la vague impression de traîner -bien qu'avec difficulté- mes poumons jusqu'à mi-chemin de l'ascension. Je le ressens personnellement comme une petite victoire. Voilà finalement une bonne chose que te quitter m'aura physiquement apporté... Parfois, j'essaye de relativiser et d'avoir un regard positif sur notre séparation. C'est loin d'être chose évidente. Tes larmes mélangées aux miennes sont encore tellement présentes dans ma mémoire. Et tes mots, les derniers que tu m'auras prononcé avant que je ne me résigne à quitter tes bras réconfortants...


mardi 6 septembre 2011

6. Mes amis les castors.


Ce matin très tôt, sous les conseils avisés de certains, j'ai enfourché mon ami à deux roues pour me rendre sur le bord de la Yukon River, à l'heure où le monde humain peine à se réveiller. C'est probablement la première fois que je suis tout sourire un matin, en dehors de mon lit. Il me faut environ quinze bonnes minutes depuis chez moi afin d'atteindre mon point d'espionnage.
Cela fait plusieurs jours que je me déplace en vain jusqu'à ce même endroit afin d'observer nos amis les castors. Habituellement, je viens en journée, prise d'un besoin de soleil, comme pour me rappeler mes derniers jours en France. Cette fois, j'ai changé mon fusil d'épaule, bien obligée de constater le mauvais oeil de ma technique. Il paraîtrait que les castors vivent principalement la nuit, probablement pour ne pas être dérangés par l'espèce humaine. J’enfreins les règles de la nature et me poste donc à ma place habituelle, à quelques pas de la maison de castors repérée quelques jours auparavant. Ces castors-là doivent faire parties de la classe aisée, leur maison étant située juste en face de SS Klondike, sur l'autre rive.
J'ai laissé mon vélo sur le chemin plus haut, afin de ne pas faire de bruit. Après quelques minutes à peine d'observation, je vois apparaître à la surface de l'eau une boule de poils couleur marron. J'aurais pu crier au monde entier mon excitation à ce moment précis, ce qui aurait permis à la ville entière de se réveiller en sursaut, mais j'ai choisi de garder mon euphorie pour plus tard, histoire de ne pas effrayer cette petite bête charmante. A ce moment-là, je pense être passée inaperçue. Les prochaines minutes me permettent d'observer ce castor en plein travail. Il récupère des branches de bois sur le rivage et les amène, à la force de sa mâchoire, sur le dessus du tas présentement dans l'eau. Il finit par venir sur le bord du rivage où je suis installée, et m'aperçoit finalement. Après quelques regards échangés, il se dirige vers le tas de bois flottants et disparaît dans les profondeurs de la rivière.
Déception.
Je pense à cet instant précis lui avoir fait peur. La mine déconfite, j'attend toutefois quelques minutes supplémentaires. Et à mon grand étonnement, je vois réappaître mon petit ami poilu. Et il n'est pas seul, il a refait surface avec un de ses confrères bien plus petit. Je m'amuse à penser qu'il s'agit surement de son fils.
Sourire aux lèvres, j'attrape mon sac à dos et en sors mon appareil photo. Timidement, je capture quelques clichés de mes amis, marquant une pause entre chaque cliché, comme pour demander son approbation à Papa Castor. A plusieurs reprises, ce dernier regarde dans ma direction. Il semble comprendre que je ne lui veux aucun mal. Et je lui en suis reconnaissante.
Le soleil se lève doucement sur la rivière, et le spectacle est magnifique. Mon envie d'immortaliser l'évènement satisfaite, je range soigneusement mon appareil photo dans mon sac. Puis je m’assois sur le rivage, aussi près que la gêne me l'autorise, et passe l'heure suivante à m'instruire. Avant de retrouver leur maison, Papa Castor me jette un regard furtif auquel je répond d'un sourire. Puis il disparaît et l'eau retrouve son calme olympien.
Une belle journée s'annonce !

dimanche 4 septembre 2011

Intermède #1 : Attention ours méchant !

Ceci est un message de prévention et je m'excuse par avance pour sa longueur mais il est toutefois, je l'espère, intéressant pour moi de le dire et pour vous de le lire.

Au Canada, et d’autant plus dans des provinces tels que le Yukon, nous ne sommes pas à l’abri d’une rencontre avec un ours. Alors forcément, quand vous vous rendez à l’office du tourisme et que vous décidez de dévaliser leur stock de prospectus, vous vous retrouvez avec des dépliants tels que Vous êtes au pays des ours, Dans la nature sauvage du Yukon, ou encore How to be safe in bear country. Vous l’aurez compris, exit les psychopathes qui ont des envies de meurtre cruel, l’ours est l’ennemi numéro un des Yukonnais.

Lesson number one, know your bears.

Au Yukon se trouve trois espèces d’ours: Black bearsGrizzlies, and Polar bears. Oubliez les Polar Bears dans cette leçon, nous sommes à Whitehorse et non à Old Crow! Nous allons donc apprendre à faire la différence entre un ours noir et un grizzli.
Premièrement, ce n’est pas parce qu’un ours est noir qu’il s’agit d’un ours noir. Et vice versa, ce n’est pas parce qu’un ours n’est pas noir qu’il s’agit d’un grizzli. Les 3/4 des ours noirs du Yukon ont une couleur qui tire vers le marron.

Voici donc quatre différences qui permettent de différencier un ours noir d’un grizzli:
1) Le point le plus élevé sur le dos d’un ours noir se trouve au niveau de ses pattes arrières alors que pour le grizzli, il se trouve au niveau de ses épaules.
2) De profil, le museau de l’ours noir est droit et allongé. Le profil du grizzli, à cause de son front, a une plus belle allure qui lui donne un regard concave.
3) Les griffes avants de l’ours noir sont de couleur foncée, plutôt courtes et bien courbées. Celles du grizzli ont une couleur plus claire, font 10 cm (voire plus) et sont moins recourbées.
4) Les empruntes d’un ours noir n’incluront pas (la plupart du temps) la marque des griffes alors que celles d’un grizzli y seront (de nouveau, la plupart du temps). De plus, les empruntes des coussinets seront plus espacées chez l’ours noir que chez le grizzli où elles se toucheront presque.

Nous pouvons aussi noté qu'un grizzli sera plus massif qu'un ours noir. Les mâles adultes grizzli pèseront environ 250kg, et les femelles peuvent atteindre jusque 150kg. Pour l’ours noir, le mâle adulte pèsera environ 135kg pour 70kg pour la femelle. Sacré différence!
Les ours noirs sont très agiles et grimpent aux arbres.
Voilà, vous savez reconnaître un ours noir d’un grizzli!

Lesson number two, keep safe.

Alors voilà, c’est bien joli de savoir faire la différence entre l’ours noir et le grizzli mais avez-vous pour autant envie d’en rencontrer un? Je dois dire que j’avais cette envie qui me brûlait d’en rencontrer un… j’ai changé d’avis après quelques balades en solitaire dans la nature! C’est assez stressant au final de se dire qu'à tout moment, je peux tomber sur une grosse bêbête du genre! Le but de cette leçon est donc d’apprendre à éviter la rencontre avec un ours.

1) Se déplacer en groupe dans la mesure du possible.
2) Faire du bruit pour alerter l’ours de votre présence, d’autant plus quand vous n’avez pas trop de visibilité. Personnellement, j’ai appris à siffler mes chansons favorites et à chanter des comptines pour enfants à tue-tête quand je me balade seule… parfois, je tape même des mains quand je n'y vois rien… non non, les gens ne me prennent pas pour une folle… ne vous demandez plus pourquoi il pleut tout le temps amis Yukonnais, vous avez trouvé la responsable! Et si vous entendez un jour un ours chanter "Il était un petit navire", vous pouvez être certain que cet ours-là vivait dans mes parages !
3) Rester à l’affût de toute trace d’ours dans les parages comme les empruntes, la terre creusée, les excréments, ou encore des traces de griffes sur les arbres. (et n’imaginez pas que tout ce que vous voyez autour de vous prouve la présence d’un ours comme je le fais, cela s’appelle de la paranoïa pure et simple)
4) Ne pas s’approcher à moins de 100 mètres si vous apercevez un ours. Lui courir après n’est pas une bonne idée, vouloir une meilleure photo de plus près non plus… pas d’acte stupide ! Vive les jumelles et les bons zooms moi je dis!

Avec ça, vous ne devriez pas trop avoir de problème.

Lesson number three, what to do if you encounter a bear.

Eh oui, je vous ai dit ce qu'il fallait faire pour ne pas en rencontrer un mais, IL Y A TOUJOURS UN F*CKING MAIS! HA HA! Peut-être que vous pourriez tout de même en croiser un, il vaut mieux être préparé à cette probable future rencontre.

Si l’ours n’a pas remarqué votre présence, priez Dieu (ou qui vous voudrez) pour qu'il ne la remarque pas. Blague… non, si l’ours ne vous a pas remarqué, éloignez-vous lentement et en silence tout en gardant l’ours en vue afin de guetter le moindre changement dans son comportement.
Maintenant, si l’ours a remarqué votre présence, et bien priez Dieu (encore lui vindidiou) pour qu'il soit de bonne humeur, repu et qu'il vous laisse en paix! Hum. Plus sérieusement, restez calme (qu'ils sont marrants dans leurs dépliants les petits…), empoignez votre vaporisateur à gaz poivré bien fermement (oui, essayez de toujours en avoir un sur vous, je vous ai dit que l’ours était l’"ennemi" number one ici, c’est comme les détraqués en France, ils ont le droit à la bombe lacrymo), parlez à l’ours d’une voix calme et respectueuse (attention, un ours, ça se respecte très cher! et messieurs, tachez de faire ça mieux que votre soit disant respect que vous nous offrez…!), et éloignez-vous lentement à reculons (ne JAMAIS tourner le dos à un ours pauvre fou!) et SANS COURIR! (très important car un ours, malgré leur poids imposant, court bien plus vite qu'un champion de marathon!)

Logiquement, vous devriez vous en sortir. La plupart du temps, l’ours va s’en aller s’il vous aperçoit, leur instinct primaire ne leur commande pas d’attaquer un humain…

Lesson number four, what to do if a bear approaches you.

Oui oui, je sais, je vous ai dit que l’instinct primaire d’un ours n’était pas de vous attaquer mais, ENCORE CE FICHU MAIS!!! Bref… là, vous avez deux explications si un ours vous approche. Soit l’ours est en mode défense, soit il est en mode prédateur. En gros, soit vous avez de la chance, soit vous avez tout sauf de la chance!

Si vous surprenez l’ours, il va vouloir se défendre, que ce soit pour protéger ses petits, se protéger lui-même (oui, l’ours a peur des humains autant que nous les craignons!), ou protéger sa nourriture. Le grizzli, dans ce cas, aura plus tendance à vous attaquer que l’ours noir. Dans tous les cas, si vous sentez que l’ours n’agit que par défense, plusieurs choses à faire pour qu'il comprenne que vous n’êtes pas un danger pour lui.

1) Restez calme. (oui, encore…)
2) Parlez à l’ours calmement pour qu'il se sente en confiance et comprenne que vous ne vous lui voulez aucun mal.
3) Lorsque l’ours arrête de s’approcher de vous, reculez lentement.
4) Si toutefois l’ours continue de s’approcher de vous, restez sur vos positions tout en continuant de lui parler, et utilisez votre gaz.
5) Si après ça, l’ours vous attaque (oui oui, s’il vous saute dessus quoi), jetez vous par terre et faites le mort. (ne pleurez pas hein, un mort ça ne fait pas de bruit…!) Couchez-vous face contre terre, les jambes écartées, les mains croisées sur votre nuque pour vous protéger. Si l’ours réagissait vraiment par défense, il vous laissera tranquille au bout de quelques minutes à jouer le mort. Sinon, voir plus bas!

Si l’ours vous considère comme une proie, là, vous êtes dans de sales draps! Vos chances de survie dépendent de votre force, de votre acharnement, de votre conviction, de votre instinct de survie, de votre mental et tout et tout. En gros, si vous êtes pétrifié vous allez probablement y laisser votre vie. Si vous tenez à votre vie, vous avez une chance de vous en sortir!

1) Essayez de fuir (sans courir!) si vous en avez la possibilité.
2) S’il vous suit, là, plus de choix que de se battre! Criez, frappez le avec ce que vous pouvez, soyez agressif. Votre but est de l’intimider pour pouvoir vous servir de votre bombe à gaz.
3) S’il vous saute dessus, faites comme si vous étiez dans un combat de boxe ou mourrez!

Done!

vendredi 2 septembre 2011

Photos #2 : Fish Lake.

Fish Lake - Whitehorse, Yukon, CANADA.

mercredi 31 août 2011

5. Randonnée à Fish Lake.


Le souffle coupé, de nouveau. Par la fatigue de l'ascension d'un des monts de la vallée de Fish Lake, qui se situe à environ 1400 mètres d'altitude, mais surtout par la beauté du paysage qui s'étale devant mes yeux. Nous sommes  le dernier jour du mois d'août, et ici l'automne s'installe déjà à petits pas dans les hauteurs. Une palette de couleurs chatoyantes qui régale mes pupilles. Un petit tamias court se cacher derrière une roche, avant de repointer timidement le bout de son nez, comme pour s'assurer que le géant que je suis est bien parti. J'ai l'impression d'être dans le plus bel endroit du monde; et plus important encore, j'ai l'impression de le mériter. Il y a peu de choses que j'ai un jour estimé mériter, sûrement par manque d'estime de soi. Mais ces précieux instants que je collectionne jour après jour ici, j'ai pleinement conscience qu'ils m'appartiennent de manière légitime.

Toutefois, la douleur causée par le manque de toi ne s'est pas atténuée. Le soir venu, ce lit me parait bien trop grand sans toi, et ces draps bien trop froids sans ta présence pour les réchauffer. J'aimerais tellement partager cette aventure à tes côtés, affronter le monde qui s'offre aujourd'hui à moi mes doigts entrelacés aux tiens. Une partie de moi est restée en France, à tes côtés. Et parfois, je me surprend à te parler silencieusement en haut des sommets que je gravis. Alors se dessine sur mes lèvres un sourire niais, consciente du ridicule de la situation et je chasse du revers de la main ce qui me reste de toi, ce fantôme qui me suit en permanence. 

mardi 30 août 2011

4. Les sentiers de Riverdale.


J'ai la chance d'avoir derrière "mon" chez moi des sentiers par milliers et trois petits lacs. Tous les jours, je me promène sur un nouveau sentier, à la découverte de mon nouvel environnement. Parfois, je me perds dans les méandres d'une forêt à la nuit tombée, et mon esprit transforme le moindre bruissement en un ours noir prêt à me dévorer pour son repas du soir; du coup, je sifflote au rythme de mes pas, pour faire fuir la bête enragée -et chasser le stress. D'autres fois, je longe les lacs, aveuglée par le soleil, à l'affût du moindre mouvement de l'eau dans l'espoir d'apercevoir un castor.

Il y a ce joli banc en bois massif, sur un petit sommet, qui surplombe deux étendues d'eau. J'aime m'y attarder pour m'imprégner de chacun des éléments qui m'entourent, respirer à pleins poumons et sourire à en perdre la raison. Souvent, je descend la colline en courant, mon rire aux trousses, et finis ma course folle en tournoyant sur moi-même à l'entrée des bois. Je chante ma joie de vivre aux animaux de la forêt dans l'espoir qu'ils se joignent à moi, comme dans les contes de Walt Disney.

Aujourd'hui, j'ai gravi une colline bien plus haute que d'habitude. En arrivant à son sommet, j'ai salué avec amusement  mes poumons restés en bas. Deux semaines sans cigarette jour pour jour. Je crois qu'ils m'ont souri tout en m'offrant un de leurs plus beaux clins d'oeil. La prise de ce sentier m'a amené à découvrir mon quartier vu d'en haut. Le sentier, qui se situe sur un des versants de la colline, surplombe Riverdale, là où j'habite actuellement. Je n'étais pas bien haut, et pourtant, tout m'apparaissait si petit. Une fois de plus, j'avais cette sensation d'être invincible. A mon retour, j'ai emprunté le sentier qui longe l'arrière des maisons jusqu'à trouver ce petit portail en bois qui m'était devenu si familier. Le bruit qu'il produisait en s'ouvrant me fit sourire. Benji, mon ami l'écureuil, m'accueillit de son petit cri strident. Prise d'une envie irrésistible, je me suis effondrée dans l'herbe du jardin, juste en dessous de l'arbre où il se trouvait, pour mieux observer ce petit compagnon de fortune. Sur le dos, je fermai les yeux pour quelques minutes et me délectai des bruits de la nature, de son odeur, de sa force. Les quelques minutes se transformèrent en heure et mon alarme de téléphone retentit: le devoir m'appelait !