vendredi 21 décembre 2012

Paulette #5

Je t'ai tellement aimé entre ces murs...

Dans l'obscurité d'une nuit d'hiver, je suis venue me confronter au passé. Non sans crainte ou appréhension, à petits pas feutrés, je pénétrai là où tout avait basculé. Les réminiscences d'un nous se bousculaient au portillon de mes pensées, et cette nuit-là, près de ton fantôme je me suis couchée.

Celui qui pense que le simple souvenir d'un instant passé n'a point d'âme n'a donc jamais aimé. Les cinq sens en action, je revivais chaque sensation de nos derniers moments passés ensemble. Le goût salé de tes larmes qui se mêlent aux miennes, le frisson de nos gestes maladroits, l'incompréhension de ton discours sans queue ni tête, l'effluve de nos corps enlacés, ou encore nos regards emplis de tristesse... pas un ne manquait à l'appel de nos adieux revisités. 

Je t'ai tellement aimé entre ces murs. Aimé, et détesté. Mon ami, mon amant, mon amour. Il ne reste plus que mon cœur, désemparé, au milieu de ce tas de poussière que nous sommes devenus. Mon cœur, seul vestige d'un amour avorté.