dimanche 22 juillet 2012

46. Le passé à mes trousses.

365,13 km², c'est la superficie de Montréal; en 2012, on y comptait 1 735 450 habitants. Son centre ville doit bien contenir une cinquantaine de bars à lui tout seul, à quelque chose près. Il y avait donc une chance sur un milliard que l'indésirable se produise. C'était toutefois sans compter sur ma chance légendaire -sarcasme.

Entre deux rires, je l'aperçois. Les battements de mon cœur se font irréguliers avant de s'emballer et de partir à la rencontre de la chamade. Lui aussi me remarque immédiatement. Nos regards se croisent furtivement avant que je ne feigne l'ignorance totale. Difficilement, je tente de prêter une oreille attentive à mon interlocuteur, un demi sourire aux lèvres. Mais mes yeux trahissent ma panique intérieure. Il est là. Mon interlocuteur m'interroge sur mon changement de comportement et je lui conte du bout des lèvres la situation. Et bien que le fruit de mes tourments me tourne le dos, je le vois plusieurs fois jeter dans ma direction des regards à la dérobée. Je tente tant bien que mal de contenir mon hystérie que je dissipe en des boutades bon marché. Puis l'impensable se produit: il se lève et se dirige droit vers moi. Je n'ai d'autres choix que de faire face à la confrontation. Il me salue, tout sourire, et me propose de se voir les jours prochains. A quel jeu malsain se livre-t-il ? Est-ce une blague ? Je le toise du regard, incrédule, et lui réponds vaguement que c'est une proposition envisageable à laquelle je réfléchirai. Je reprends ensuite ma conversation, sans ne plus lui prêter la moindre attention et il repart sans un reste. Quelques minutes plus tard, le teint livide, un sourire de façade sur le visage, je prétexte une envie pressante pour éclater en sanglots dans les toilettes des femmes.

La sensation qu'il venait de pénétrer mon espace vital ne me quitta plus. Si ce n'est ce jour, j'en aurais presque réussi à oublier sa présence ici... alors qu'en réalité, il arrive encore et toujours à piétiner mon cœur.

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