vendredi 14 octobre 2011

14. Bernie et moi.


Elle s'appelle Bernadette ; Bernie pour les intimes. Elle est vêtue d'une tunique couleur rouge sang, plutôt soignée pour son âge, infiniment spacieuse, et automatique.

Nous sommes le 9 octobre au matin et tombe du ciel de ridicules petits flocons de neige. Bernie nous emmène, Lucie et moi, sur les routes pour quelques jours. Notre premier arrêt sera Teslin, à environ deux heures et demie de notre point de départ. Nous y avons traversé le plus long pont trouvé sur l'Alaska Highway, à 584 mètres. La neige s'est calmée, je reprends le volant en direction des chutes Rancheria. Honnêtement pas de quoi les appeler chutes, mais peut-être n'y étions-nous pas à la bonne période de l'année ? Le temps de se dégourdir les jambes et de manger un morceau et nous partons pour Watson Lake, où se trouve la si fameuse « Sign Post Forest ». Cette dernière porte quant à elle bien son nom, même si avec les années se sont ajoutés aux plaques d'immatriculation toute sorte d'objets : guitare, chapeaux, cône de signalisation etc... jusqu'aux sous-vêtements ! La plupart des centres d'intérêts de la ville étant fermés, nous reprenons notre route sans s'attarder plus de deux heures à explorer la forêt. Quelque peu ambitieuses, nous voulions pousser jusqu'à Liard River pour y passer la nuit, mais forcées de constater que nous ne dépasserons pas Fireside, situé en Colombie Britannique. Sur le chemin, nous apercevrons deux aigles à tête blanche aux envies suicidaires... Bernie les attire indéniablement. Nous mangerons et dormirons à la dure, stationnées près d'un gros camion. Rien à l'horizon, perdues au milieu de nulle part, la nuit sera longue et froide.

Tôt au petit matin, c'est sous le brouillard que nous nous dirigerons le lendemain vers Liard River. D'abord désireuses de s'y arrêter afin de profiter des sources d'eau chaude, nous déciderons finalement de continuer jusqu'au parc provincial de Muncho Lake, pour profiter de la lumière du jour. Caribous et bisons rendront notre route encore plus attrayante. Le paysage autour de Muncho Lake est magnifique, nos prunelles brillent un peu plus à chaque kilomètre supplémentaire parcouru. Sans être certaines d'avoir traversées le parc entier, nous faisons demi tour afin d'atteindre Liard River avant la nuit. Nous réalisons ensuite en entrant dans le lodge principal du lieu que nous sommes le jour de Thanksgiving ! Un repas y est proposé pour une somme d'argent raisonnable, nous fêterons donc Thanksgiving au lodge. Un copieux repas plus tard, l'âme aventurière, nous avons l'envie de nous baigner aux sources d'eau chaude malgré la nuit tombée... nous changeons rapidement d'idée en réalisant que les sources se trouvent au milieu de nulle part, et qu'il faut traverser une sorte de marécage pour y accéder ; pas très rassurant sans lampe torche digne de ce nom. Nous partons donc nous coucher, pour une nouvelle nuit courte et d'autant plus froide que la veille.

Au petit matin, frigorifiées de notre nuit dans la voiture par -5°C sans matelas, nous rentrerons au lodge pour un chocolat chaud. Puis nous pouvons enfin découvrir les fameuses sources d'eau chaude. L'idée de pouvoir ensuite prendre une bonne douche afin d'être réellement propres nous met en émoi. Nous empruntons le chemin fait de bois au milieu du marécage, et l'odeur se fait insupportable. Une odeur de souffre envahit l'environnement avoisinant tout entier. Les sources sont à leur état naturelle, en pleine cambrousse, avec pour seule structure des échelles et une petite pièce sans toit pour se changer. Adieu l'idée de propreté tant convoitée. Peu importe, une eau à 45°C, ça ne se refuse pas ! Les muscles détendus, après avoir barbotées plus d'une heure dans cette eau bouillante, nous nous rhabillons avec l'odeur de souffre collée à la peau. Sous les conseils de la responsable du lodge, nous prendrons la route pour les chutes de Smith River. En chemin, nous croiserons un ours noir sur le bord de la route et en obtiendrons quelques clichés volés. L'accès aux chutes est bien plus compliqué que prévu mais nous y parviendrons tout de même, sans trop effrayer Bernie. Nous repartions ensuite pour Watson Lake où nous profiterons de la librairie, où nous aurons en prime le droit à un thé et des biscuits gratuits. Merveilleux. Après quelques recherches en ligne, nous déciderons de nous diriger vers Atlin dès le lendemain. Pour ce soir, nous pousserons jusque Teslin afin d'y passer la nuit.

Une courte nuit de sommeil plus tard, nous voici en route vers Atlin et la White Mountain. Bien qu'averties du brouillard et de la non visibilité par un monsieur du coin, nous nous attaquerons toutefois à l'ascension du mont jusqu'à constater nous même le fameux brouillard. A un certain point, un petit bonhomme de neige plus tard, nous redescendrons. Cela nous aura tout de même permis de nous dégourdir les jambes. Bernie nous emmène finalement jusqu'à Marsh Lake. La fatigue se faisant ressentir, n'étant qu'à trente minutes de la maison, nous décidons de rentrer pour la nuit et de remettre l'ascension du mont M'Clintock pour le lendemain.

Après une bonne nuit de sommeil au chaud, nous atteindrons le sommet du mont M'Clintock les pieds dans la neige. Mais la vue en valait l'effort. Cette montée clôt notre petit roadtrip en compagnie de Bernie, ma nouvelle meilleure amie.



dimanche 9 octobre 2011

Photos #9 : Haines.

Haines - Alaska, USA.

Sur le chemin pour Haines.


Au camping.


Sur le chemin du retour.

mercredi 5 octobre 2011

13. Le manque du passé.

Être loin de ce dont nous avons l’habitude n’est pas chose aisé.
Perdre sa routine. Devoir se reconstruire. Faire face à l’échec. Accepter l’oubli. Tourner la page. Admettre ses erreurs. Repartir de bons pieds. Faire des concessions. Oublier. Prendre conscience du superflu. Faire le tri.
Les larmes se feront la course. Les pensées s’entrechoqueront.
Mais au final, nous ressortirons majoritairement gagnants de tout ce que ces changements impliqueront.

Sur le chemin du nouveau monde, les visages défileront. Certains quitteront notre vie, d’autres y entreront. Le temps d’une fraction de soirée, ou le temps d’une éternité.
Il me semble que les gens sont tout aussi nocifs qu’indispensables à notre bien être. Et lorsque la distance y met son grain de sel, c’est un océan d’incompréhension qui se déferle sur notre petite existence. Les pourquoi s’accumulent. Les comment se défendent. La raison prend le large. Et puis vient le blues sur son beau cheval blanc.
Peu nombreux sont mes contacts gardés avec mon si proche passé. Choix ou obligation, il m’arrive de me sentir si loin de ceux qui me sont chers. Les mots reviennent; les promesses, les paroles réconfortantes, et le reste. Cette impression de n’avoir eu que des paroles en l’air de la part de beaucoup d'entre eux.

Le présent sous le nez, j’oublierai le passé sans cesser d’en parler.
Les mois à D*l Art*, les escapades en compagnie de Georgette, les soirées poker, les barbecues, les après-midi plage ou piscine, la nicotine au coucher, les nuits avec lui, les repas de famille, and I could go on and on and on…

Parfois, il m’arrive d’avoir le blues. Le blues de vous, le blues de ma toute dernière année en France. Et puis j’ouvre les yeux sur le monde extérieur, je met le pied dehors, je respire cet air pur, j’admire la nature à perte de vue. Et je pleure en silence, le sourire aux lèvres.

Vous me manquez.

mardi 4 octobre 2011

Photos #8 : Kluane National Park.

Kluane National Park - Haines Junction, Yukon, CANADA.


Et pour finir, deux photos prises par Marin après notre courte nuit aux pieds du lac Kathleen... souvenir mémorable.