mardi 13 septembre 2011

9. Entre expatriés.


La ville était embrumée, tout comme mon esprit à l'heure actuelle. Nous étions un petit groupe, même pas une dizaine. Il y avait les expatriés français, tous titulaires du Permis Vacance Travail, et le clan des "gardiennes", dont je fais actuellement partie n'ayant pas encore validé mon précieux sésame. Après avoir pensé se retrouver autour d'une bière dans un des pubs de la ville, histoire de côtoyer quelques bûcherons viriles aux chemises à carreaux, nous avons finalement opté pour une soirée nature. Et ce soir, j'ai enfourché mon vélo avec un certain plaisir.

Après quelques moments d’égarements, nous voilà installés au bord de la Yukon River, parés à explorer les environs à la recherche de bois mort afin de démarrer notre feu de camp. Après maintes efforts, le feu est suffisamment lancé pour nous permettre de griller nos guimauves et de faire chauffer nos bananes-chocolat. Yukon Beer en mains, ce soir, notre petit groupe trinque au Yukon. Nous ne nous connaissons pour la plupart pas du tout, ou très peu. Personnellement, j'ai connu l'existence des 3/4 des personnes présentes par simples échanges de messages via la bible de tout PVTiste, à savoir le forum. L'ambiance est bonne enfant, nous discutons de nos expériences passées, et bien sûr de notre amour pour ce bout de paradis. Ce qui est plaisant, c'est de pouvoir discuter avec chacun, de tout et de rien.

En pleine conversation sans queue ni tête, un bruit étrange nous provient du petit bois alentour. Regards inquiets échangés, certains plaisantent -et j'en suis la première- sur la présence d'un ours. Le bruit se fait plus distinct et tout à coup, un arbre se met à entreprendre une chute vertigineuse vers le sol. Il a atterri avec fracas. Torches en mains, nous nous approchons tous de l'endroit d'où le bruit provenait, pas vraiment rassurés. Et là où l'arbre gisait, un castor était en train d'en faire son affaire. Il n'a même pas prêté attention à nous et a continué de diviser l'arbre qu'il venait d'abattre en plus petits tronçons. Il entreprit ensuite de déplacer ces derniers à la force de sa mâchoire. Impressionnant, très impressionnant, la capacité que ces petites bêtes ont à abattre des arbres entiers avec leurs dents. Mais encore plus impressionnant la force qu'ils ont à les tirer sur des mètres et des mètres.

Remis de nos émotions post-castors, nous retournons à notre campement. Après l'inquiétude, place aux rires. Je lève la tête vers ce ciel étoilé, consciente de ma chance. J'y aperçois ce qui me semble être une lueur verte. Je souris machinalement d'un air niais. L'idée me traverse l'esprit qu'il pourrait s'agir d'une aurore boréale, mais je n'en dis pas un mot, à demi certaine d'être victime d'une hallucination. Quelques minutes plus tard, je plonge de nouveau les yeux dans ce ciel étoilé et constate que la lumière verte est toujours présente mais semble s'être déplacée. Je me tente à prononcer ma théorie à voix haute. Quatorze paires d'yeux sont maintenant braquées vers le ciel et ma théorie rencontre un franc succès. Nous passons les prochaines minutes à observer le ciel et la lueur verte se fait plus dense. Wahou. Il s'agit bel et bien d'une aurore boréale. L'excitation est à son comble dans notre petit groupe. Pour la majorité d'entre nous, il se trouve être notre première expérience du phénomène. Ce dernier ne durera pas très longtemps, mais suffisamment pour nous rendre euphorique.

Pour avoir partagés ce moment avec elle, Dame Nature nous aura bien récompensés ce soir: Nestor le castor et une rencontre avec la belle Aurore. Cette soirée est une belle leçon de vie pour moi. Parfois, les moments les plus anodins -une simple rencontre entre expatriés- peuvent devenir les plus magiques. Et ce moment restera maintenant à jamais gravé dans mon esprit.

Cependant, de retour avec ma solitude, je ne peux m'empêcher de penser à toi ce soir. J'aurais tellement aimé partager cet instant magique avec toi. J'aurais tellement voulu m'émerveiller devant ce filet verdâtre à tes côtés. J'aurais tellement apprécié de m'endormir dans tes bras ce soir, le sourire aux lèvres d'un accomplissement personnel... Et mon coeur me crit un jour, peut-être. Après tout, tu m'as dit que tu viendrais ici la voir, cette Aurore. Et quelque part, j'espère que tu souhaitais me dire, à ta manière, que tu viendrais pour me voir.

4 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  2. Merci d'avoir ramené ces souvenirs à mon esprit <3

    RépondreSupprimer
  3. Bin alors les jeunes ?? On radote ? :p

    J'avais oublié cette obsession des bananes-chocolat que j'avais chaque fois que je faisais un feu. Saupoudré d'un peu de noix de coco c'est très yukonnais.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ELLE radote haha

      Ah ? Je pensais que je faisais erreur sur la personne ? ;)
      Pfiou, ça me manque à moi ces feux de camps !

      Supprimer

Is there something you'd like to say ?