dimanche 14 octobre 2012

Intermède #13

He is not perfect. You're not either, and the two of you will never be perfect. But if he can make you laugh at least once, causes you to think twice, and if he admits to being human and making mistakes, hold on to him and give him the most you can. He isn't going to quote poetry, he is not thinking about you every moment, but he will give you a part of him that he knows you could break. Don't hurt him, don't change him and don't expect more than he can give. Don't analyze. Smile when he makes you happy, yell when he makes you mad, and miss him when he's not there. Love hard when there is love to be had. Because perfect guys don't exist, but there is always one guy that is perfect for you.
- Bob Marley

dimanche 22 juillet 2012

46. Le passé à mes trousses.

365,13 km², c'est la superficie de Montréal; en 2012, on y comptait 1 735 450 habitants. Son centre ville doit bien contenir une cinquantaine de bars à lui tout seul, à quelque chose près. Il y avait donc une chance sur un milliard que l'indésirable se produise. C'était toutefois sans compter sur ma chance légendaire -sarcasme.

Entre deux rires, je l'aperçois. Les battements de mon cœur se font irréguliers avant de s'emballer et de partir à la rencontre de la chamade. Lui aussi me remarque immédiatement. Nos regards se croisent furtivement avant que je ne feigne l'ignorance totale. Difficilement, je tente de prêter une oreille attentive à mon interlocuteur, un demi sourire aux lèvres. Mais mes yeux trahissent ma panique intérieure. Il est là. Mon interlocuteur m'interroge sur mon changement de comportement et je lui conte du bout des lèvres la situation. Et bien que le fruit de mes tourments me tourne le dos, je le vois plusieurs fois jeter dans ma direction des regards à la dérobée. Je tente tant bien que mal de contenir mon hystérie que je dissipe en des boutades bon marché. Puis l'impensable se produit: il se lève et se dirige droit vers moi. Je n'ai d'autres choix que de faire face à la confrontation. Il me salue, tout sourire, et me propose de se voir les jours prochains. A quel jeu malsain se livre-t-il ? Est-ce une blague ? Je le toise du regard, incrédule, et lui réponds vaguement que c'est une proposition envisageable à laquelle je réfléchirai. Je reprends ensuite ma conversation, sans ne plus lui prêter la moindre attention et il repart sans un reste. Quelques minutes plus tard, le teint livide, un sourire de façade sur le visage, je prétexte une envie pressante pour éclater en sanglots dans les toilettes des femmes.

La sensation qu'il venait de pénétrer mon espace vital ne me quitta plus. Si ce n'est ce jour, j'en aurais presque réussi à oublier sa présence ici... alors qu'en réalité, il arrive encore et toujours à piétiner mon cœur.

samedi 21 juillet 2012

Paulette #4

Insomnie.

La nuit était bien trop longue. Paulette était fatiguée, mais la fatigue ne suffisait même plus à calmer ses pensées. Elle savait que la seule chose qui pourrait encore la calmer lui était interdite. Et pourtant, cette nuit, machinalement, elle se glissa hors du lit en prenant soin de ne pas réveiller Pierre -à moins qu'il ne s'agissait de Paul... Elle enfila ses chaussures, attrapa son sac à main et se faufila à l'extérieur de l'appartement. Il lui sembla marcher pendant des heures. Ses pieds lui faisaient un mal fou, mais bientôt, elle atteint son but. Les yeux grands ouverts, elle contemplait cette porte à la peinture défraîchie comme si elle allait se mettre à parler. Elle fit quelques pas et se retrouvait maintenant nez à nez avec cette dernière. Attentive aux moindres bruits, Paulette ne bougeait plus. Le silence était de marbre de l'autre côté. Résignée, Paulette recula. Ses yeux s'embrumèrent et quelques perles vinrent rouler sur ses joues. Elle resta des heures à contempler cette porte, pleurant à chaudes larmes, silencieusement. Au petit matin, Paulette entendit les premiers signes de vie de l'autre côté de la porte. Immobile, elle se voulait invisible. Tout à coup, la porte se mit en mouvement. Terrorisée, Paulette s'enfuit en courant, sans même se retourner. Elle courra jusqu'à en perdre allène.

Ce matin-là, Paulette prit un bus. Aucun bagage, aucun ticket à la main, aucune destination sur le papier, Paulette s'en est allée... à jamais.

dimanche 1 juillet 2012

45. De retour à Montréal.

Sur une durée d'un mois, j'ai : parcouru un peu plus de 3000k en pouce; visité 9 villes et 2 îles; dormi 4 fois en auberge de jeunesse, 2 fois chez l'habitant et une fois en camping; emprunté 16 voitures, 2 ferrys et un camion; randonné dans 4 parcs nationaux et un canyon; rencontré moultes personnalités différentes, des plus charmantes aux plus exécrables; aperçu -entre autres- des baleines, des orignaux et des phoques; exploré les Îles de la Madeleine en vélo, les cheveux au vent; dégusté un homard à Percé et un burger maison au steak d'orignal à Carleton; embrassé des garçons et des filles; prêté mon corps pour une expérience; bu des bières dans les micro-brasseries, des shooters au son de la cloche, et des grogs pour chasser la grippe; ri, pleuré, pesté, prié, remercié, apprécié, dansé, titubé, crié, chanté, emprunté et donné; appris à pagayer... et je n'ai même pas eu peur. Je me suis : faite percer le nez à Charlottetown, faute d'avoir trouvé un perceur à Percé; prise pour Anne Gable à Cavendish, sur l'Île du Prince Edouard; réchauffée autour de feux de camp avec mes nouveaux amis. Et j'ai souri, beaucoup.

Mais voilà, quelque part, la liberté a un prix; il me faut donc renflouer les caisses et c'est pourquoi je m'installe à Montréal le temps de l'été.


Québec, Gaspésie, New Brunswick, Île du Prince Edouard, Îles de la Madeleine... merci.

mercredi 27 juin 2012

Paulette #3

Ses pas ne sont plus que le fantôme d'un passé qui la hante.

Coups d’œil furtifs et craintifs, lancés tel un appel à l'aide. Paulette lance des regards apeurés dans toutes les directions, à la recherche de ce qu'elle a depuis bien longtemps déjà perdu. Le pessimisme au bout des doigts, elle joue nerveusement avec une mèche de cheveux, dans l'attente d'un signe de vie de l'autre côté de la vitre.

Les souterrains du métro sont un labyrinthe qu'elle chérie avec anxiété. Les grandes rues où elle magasine lui font perdre raison. Le temps est bien trop long lorsque le cliquetis de l'horloge devient incessant et bruyant.

Pas lourds sur le béton, Paulette rentre chez eux, déchue. Les draps sont si froids que sa peau en frissonne. La nuit sera bien longue, sans cette vivacité qui occupait les moutons d'autrefois.

samedi 16 juin 2012

Intermède #12 : Massaman Curry with Chicken.



How to make MASSAMAN CURRY WITH CHICKEN.

INGREDIENTS :
1 tablespoon soya bean oil
1 heaped tablespoon massaman curry paste
200 grams chicken fillets or tofu cut in 2 cm cubes
1-2 potatoes cut in a 1 cm cubes
1 brown onion sliced
1/2 cup thick coconut cream
1 teaspoon salt
1-2 tablespoons coconut sugar
2 tablespoon fish sauce or soya sauce
4-6 tablespoons dry roasted ground peanuts
1-2 cups thin coconut milk
2-3 tablespoons tamarind paste or lime juice

PREPARATION :
1. Place one tablespoon of soya bean oil into the wok and turn the gas to low.
2. Fry the curry paste until it becomes grafrant.
3. Add the chicken, potatoes and onions. Fry for one minute.
4. Pour in the thick coconut cream and add the salt. Stir for one more minute.
5. Add the thin coconut milk, coconut sugar, ground peanuts and the fish sauce. Turn gas to medium.
6. Stir until boiling, turn gas to low and let it simmer for 10 minutes.
7. Add the tamarind paste.
8. Keep simmering until the potatoes are cooked (approximately 10-15 minutes).

Serve with steamed rice, steamed buns or chapatti bread.

lundi 14 mai 2012

Intermède #11 : Nature and imagination.

The tree which moves some to tears of joy is in the eyes of others only a green thing that stands in the way. Some see nature all ridicule and deformity... and some scarce see nature at all. But to the eyes of the man of imagination, nature is imagination itself.
- William Blake.


D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours eu énormément d'imagination. Et chaque jour qui passe ici, je ne peux en être qu'encore plus reconnaissante.

samedi 5 mai 2012

44. NLF, une association en or.

5:30AM

Si mon alarme avait failli à me sortir de ma torpeur, les quelques coups de poings qui tombèrent sur ma porte de chambre me firent écarquiller les yeux. J'avais à la fois envie d'arborer un sourire se frayant un chemin depuis mon oreille droite jusqu'à mon oreille gauche, et à la fois envie de m'enfoncer sous la couverture légère qui enveloppait mon corps à demi nu. Plusieurs coups résonnèrent sur certaines des portes voisines. Si les autres voulaient dormir jusque l'heure du petit déjeuner, ils ne manqueraient pas d'être réveillés par notre réveil quelque peu brutal. J'enfilais rapidement un short et mes tennis, et sortis retrouver le petit groupe de personnes à l'entrée de notre ghetto. Je grommelais un Bonjour ! plus que matinal à mon ami responsable de tout ce vacarme et entrepris de m'échauffer avec les autres. Quelques minutes plus tard, nous étions partis pour une heure de souffrance musculaire. Je respirais l'air frais à pleins poumons, reconnaissante de chaque bouffée vivifiante. Après avoir fait le tour du petit lac au pas de course, chacun à notre rythme, nous mettions à l'épreuve notre corps entier par de petits exercices tortueux: pompes, abdominaux, course de vitesse et autres.


Oui, cela sonne un peu armée de terre où réveil à cinq heures du matin et entrainement d'arrache pieds sont le quotidien; mais au lieu de ça, je me trouvais bénévole dans une association au nord de la Thaïlande, pour un séjour qui m'apporta surement plus que je n'aurais pu l'imaginer. Et ce calvaire matinale, je me l'infligeais volontiers.


L'ambiance était bon enfant et amicale. Certains se connaissaient depuis plusieurs mois, d'autres depuis une poignée de jours, et pourtant régnait autour des différentes tables une impression de grosse famille. Si le silence au petit-déjeuner était roi, l'émotion passait à travers les regards, les sourires ou encore les petits mots prononcés du bout des lèvres. Je n'étais là que depuis une dizaine de jours et déjà ma reconnaissance envers ces gens était précieuse et infinie. Une fois notre copieux petit-déjeuner avalé, nous nous dirigeâmes vers le hall de méditation où a lieu notre réunion matinale : présentation des nouveaux arrivants, répartition des différentes tâches, minute de méditation… et la journée suit ensuite son cours.

Outils en mains, nous arrachions les mauvaises herbes qui étaient venues se loger aux pieds de nos diverses plantations. Malgré l'heure matinale, la chaleur était écrasante. Je dégageais de mes mains terreuses mes mèches rebelles collées sur mon visage. Mon dos recroquevillés me lançait de petits appels à l'aide. Mes bras et mes genoux étaient couverts de petites griffures. Mais l'esprit libéré, mon corps restait stoïque face à la douleur. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'étais en parfaite harmonie avec moi-même et mon enveloppe corporelle en bénéficiait. Perles de sueur au coin des lèvres, je souriais à pleines dents à cette vie en communauté où partage, respect mutuel, confiance, entraide et acceptance étaient maîtres.




Quand l'heure du grand départ arriva, c'est avec la peur au ventre et une tristesse infinie que je dis au revoir à mes compagnons de galère. Serais-je aussi forte à l'extérieur ? Serais-je capable d'acquérir cette confiance en moi nécessaire ?