lundi 22 octobre 2012

Interview #2



Je me suis -de nouveau- prêtée au jeu de l'interview sur le forum des PVTistes... cette fois, en ce qui concerne mon expérience en Saskatchewan.

Comment t’y es-tu pris pour trouver ce travail ?
J’ai trouvé cet emploi via le site HelpX.
A-t-on exigé que tu aies des compétences ou des diplômes particuliers ?
Absolument pas. Toute aide était la bienvenue, expérimentée ou non !
Une fois que tu as commencé a travailler, comment ça s’est passé ?
Très bien. Il faut un peu de temps pour s’adapter, principalement parce qu’il s’agit d’une grande famille, d’une communauté composée des membres de la ferme et des différents helpers venus de différents coins du monde. Il faut trouver sa place, observer le fonctionnement de la ferme et après un ou deux jours, c’est que du bonheur !

On était logé dans des cabines à côté de la maison (il y en avait deux, une petite pour deux là où j’étais et une grande pour 5), ou dans une caravane pour l’un, ou certains dans la maison même (il y a deux chambres pour les helpers à l’intérieur). Pour la bouffe, généralement c’était notre hôte qui le faisait, ou quelque fois les helpers; mais c’était toujours des gros festins, miam !!!! Pour l’accueil, c’était assez « étrange » sur le début. Marilyn, celle qui gère la ferme, est quelqu’un d’hyper actif et de speed, il faut réussir à la suivre le matin quand elle donne les tâches de la journée !!! Mais à côté de ça, c’est le fun ! On devient tous une grosse famille après quelques jours !

Sinon, selon moi, toute personne n’ayant pas peur de se salir ou peur des animaux est capable de faire ce travail ! Il faut être un minimum manuel mais même sans ça, on apprend très vite… j’ai tenu une tronçonneuse pour la première fois, conduit un tracteursans frein pour la première fois ! Quand je suis dans l’inconnu comme ça, personnellement, je me surpasse !
A quoi ressemble une journée typique au ranch ?
7:00 AM, l’alarme de mon téléphone se met en route. Machinalement, je l’éteins. Après plus de trois semaines passées dans la ferme, j’ai réussi à y trouver ma place. Encore à moitié endormie, j’enfile un gros sweat-shirt par dessus mon pyjama et saute dans mes bottes de pluie. Lorsque j’ouvre la porte de ma cabin, Abby m’accueille. Abby, c’est une des chiennes de la ferme.

Je descends jusqu’au silo à grains, suivie de très près par Abby, Grub et Moe. J’attrape deux seaux au passage, que je m’empresse de remplir de grains avant que les divers animaux n’arrivent. Je remplis l’un d’eux au ¾ et l’autre à moitié. La tâche est devenue difficile car le silo commence à être vide, je suis obligée de tambouriner sur ce dernier pour en obtenir la quantité nécessaire. Entre temps, les deux chèvres sont arrivées de leur démarche boiteuse. J’ai de la boue jusqu’au milieu des bottes. Une fois les seaux pleins, je rejoins les chèvres dans l’ancien poulailler, là où elles ont élu domicile, et verse la plus petite quantité de grains que je sépare en deux dans leurs gamelles. Ensuite, je vais aller chercher un petit square de foin un peu plus loin, toujours en compagnie de mon seau et des chiens. Je dépose ¼ du ballot dans le poulailler et me dirige ensuite vers la maison. Sur ces 500 mètres, je suis interpellée par une dizaine de chevaux qui ont tous pour but de fourrer leur tête dans mon seau de grains. Tant bien que mal, j’arrive à l’enclos des deux veaux qui sont toujours aussi excités de me voir arriver avec leur nourriture. Je leur verse à chacun la moitié de la quantité de grains dans mon seau, éparpille ensuite le foin et ouvre l’eau du tuyau d’arrosage pour remplir leur bac d’eau.

Je me faufile ensuite dans la maison afin de prendre les restes de nourriture qui serviront à nourrir les cochons. Je coupe l’eau et entreprend de chercher les cochons. Parfois, ils sont en bas, au silo à grains, prêt à me passer sur le corps pour manger les grains à même le silo ! D’autres fois, il me faut gambader dans les champs alentours pour les trouver. Ce matin, je les trouverai dans les champs. Lorsqu’ils m’aperçoivent, ils grognent et se dirigent droit vers moi à toute allure. Man, pour m’être fait courser par ces même cochons, je peux vous dire que ça court vite ces bêtes-là ! Je divise en deux la portion de restes et m’assure que Porky, le mâle, ne mange pas la part de Suzy, la femelle. Après quelques minutes, tout est parti et je me redirige vers la maison pour me nourrir moi-même ! Ma première tâche de la journée, nourrir les animaux, est terminé après 30 bonnes minutes.

Aujourd’hui, je travaille au stockyard de la ville, là où ils vendent le bétail : vaches, taureaux, veaux. Je m’empresse donc de déjeuner et de m’habiller. Inutile de me laver avant d’aller au stockyard ! Nous sommes plusieurs de la ferme à y travailler, et nous y retrouvons d’autres helpers d’une ferme du coin. J’adore travailler au stockyard ! Notre job est de courir après le bétail une fois qu’ils sont vendus. Une à une, les vaches défilent devant nous et, à tour de rôle, nous les envoyons dans la bonne direction et dans la bonne parcelle. Chaque parcelle a son acheteur. Dans le même temps, mes compagnons courent après les taureaux. Je déteste les taureaux, ils me font vraiment peur. Depuis ce malheureux « incident » où je marchais tranquillement derrière un taureau pour l’emmener à sa parcelle, tellement tranquillement que les autres taureaux de la parcelle sont venus à notre rencontre, j’ai interdiction de courir après les taureaux ! Dieu merci ! Je ne voudrais pas réitérer l’expérience de 20 taureaux en furie se dirigeant vers moi… Une fois les vaches et taureaux passés, c’est au tour des veaux. Généralement, ils sont vendus par groupe. Ce sont les plus fugaces, mais leur petite taille ne veut pas dire qu’ils n’essaieront pas de vous donner des coups de pâtes arrières ! En un mois de temps, je n’ai pas été frappée par quelque animal que ce soit malgré les tentatives de certaines bêtes ; mais d’autres l’ont été. Ouch. Après la vente de bétail terminée, nous prenons une pose pour prendre notre lunch avant d’aider au nettoyage. La mauvaise partie de la job ! Une heure à nettoyer les bouses de vaches, c’est très appétissant… surtout qu’une vache stressée, ça ne chie pas en paquet !

En milieu d’après-midi, nous rentrons à la ferme. Le soleil est au rendez-vous, deux autres helpers et moi-même décidons de partir en balade. Nous sellons nos chevaux respectifs, et nous voilà partis vers les champs en face de la ferme. Une heure de pure plaisir. Et dire qu’il y a trois semaines de cela, j’avais peur d’approcher un cheval… J’aurais atteint mon but : pouvoir attraper mon cheval, l’équiper, le monter et le « contrôler » dans un terrain extérieur. Nous rentrons pour l’heure du souper. Un festin nous attend ! Après une telle journée, rien de mieux qu’un bon repas chaud.

Plus tôt dans la journée, nous nous sommes faits inviter par les helpers de l’autre ferme à se joindre à eux pour un feu de camps dans leur ferme. Une fois nos douches prises, Eddy et moi prenons place dans la vieille Fifth Avenue, la voiture prêtée aux helpers, et nous mettons en route. Au volant de cette voiture, je me sens comme le roi du monde ! Musique à fond, nous chantons à tue-tête. Un peu plus de 45 minutes plus tard, nous arrivons à l’autre ferme. Bières, marshmallows, cidre… tout ce qu’il faut pour passer une bonne soirée ! Nous parlerons anglais, avec des interludes d’espagnol et mes infatigables jurons français. En début de matinée, je nous reconduis à la maison. Une fois de plus, je m’endormirai avec le sourire aux lèvres… demain une longue journée assise au volant du tracteur m’attend… ah, la vie en Saskatchewan…

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