mardi 6 septembre 2011

6. Mes amis les castors.


Ce matin très tôt, sous les conseils avisés de certains, j'ai enfourché mon ami à deux roues pour me rendre sur le bord de la Yukon River, à l'heure où le monde humain peine à se réveiller. C'est probablement la première fois que je suis tout sourire un matin, en dehors de mon lit. Il me faut environ quinze bonnes minutes depuis chez moi afin d'atteindre mon point d'espionnage.
Cela fait plusieurs jours que je me déplace en vain jusqu'à ce même endroit afin d'observer nos amis les castors. Habituellement, je viens en journée, prise d'un besoin de soleil, comme pour me rappeler mes derniers jours en France. Cette fois, j'ai changé mon fusil d'épaule, bien obligée de constater le mauvais oeil de ma technique. Il paraîtrait que les castors vivent principalement la nuit, probablement pour ne pas être dérangés par l'espèce humaine. J’enfreins les règles de la nature et me poste donc à ma place habituelle, à quelques pas de la maison de castors repérée quelques jours auparavant. Ces castors-là doivent faire parties de la classe aisée, leur maison étant située juste en face de SS Klondike, sur l'autre rive.
J'ai laissé mon vélo sur le chemin plus haut, afin de ne pas faire de bruit. Après quelques minutes à peine d'observation, je vois apparaître à la surface de l'eau une boule de poils couleur marron. J'aurais pu crier au monde entier mon excitation à ce moment précis, ce qui aurait permis à la ville entière de se réveiller en sursaut, mais j'ai choisi de garder mon euphorie pour plus tard, histoire de ne pas effrayer cette petite bête charmante. A ce moment-là, je pense être passée inaperçue. Les prochaines minutes me permettent d'observer ce castor en plein travail. Il récupère des branches de bois sur le rivage et les amène, à la force de sa mâchoire, sur le dessus du tas présentement dans l'eau. Il finit par venir sur le bord du rivage où je suis installée, et m'aperçoit finalement. Après quelques regards échangés, il se dirige vers le tas de bois flottants et disparaît dans les profondeurs de la rivière.
Déception.
Je pense à cet instant précis lui avoir fait peur. La mine déconfite, j'attend toutefois quelques minutes supplémentaires. Et à mon grand étonnement, je vois réappaître mon petit ami poilu. Et il n'est pas seul, il a refait surface avec un de ses confrères bien plus petit. Je m'amuse à penser qu'il s'agit surement de son fils.
Sourire aux lèvres, j'attrape mon sac à dos et en sors mon appareil photo. Timidement, je capture quelques clichés de mes amis, marquant une pause entre chaque cliché, comme pour demander son approbation à Papa Castor. A plusieurs reprises, ce dernier regarde dans ma direction. Il semble comprendre que je ne lui veux aucun mal. Et je lui en suis reconnaissante.
Le soleil se lève doucement sur la rivière, et le spectacle est magnifique. Mon envie d'immortaliser l'évènement satisfaite, je range soigneusement mon appareil photo dans mon sac. Puis je m’assois sur le rivage, aussi près que la gêne me l'autorise, et passe l'heure suivante à m'instruire. Avant de retrouver leur maison, Papa Castor me jette un regard furtif auquel je répond d'un sourire. Puis il disparaît et l'eau retrouve son calme olympien.
Une belle journée s'annonce !

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